La recherche en andragogie
La "formation des adultes" est le cœur de métier des instituts de formation en ostéopathie. Ils reçoivent des étudiants post-baccalauréat et des professionnels de santé en reconversion qui ont fait le choix de devenir des ostéopathes. Le choix du mot formation au lieu de celui d'éducation nous apparait aujourd'hui comme essentiel. Pour Philippe Mérieux, il faut différencier ces définitions des mots éducation et de formation. Pour lui elles ne sont pas synonymes comme c'est souvent le cas dans le langage commun. La formation est "une forme particulière d’activité éducative, inscrite dans une perspective contractuelle, visant à l’acquisition de compétences spécifiques et se donnant délibérément pour objet la progression maximale de chaque participant ». Alors que l'éducation "est une relation dissymétrique, nécessaire et provisoire, visant à l’émergence d’un sujet". Le terme de formation parait donc parfaitement indiqué aux problématiques professionnelles et émancipatrices des adultes. Le développement de ces formations professionnelles et continues à destination des adultes à amener à parler de "pédagogie" spécifique aux adultes.
Cependant, historiquement, comme nous le rappelle encore Philippe Meirieu, le mot "pédagogie" est relatif aux enfants même s'ils ne sont pas aujourd'hui les seuls à être les détenteurs de la nécessité d'apprendre. Pour cela en 1973, aux États-Unis, Malcolm Knowles en s'appuyant sur le psychologie humaniste de Mazlow, Rogers et Perls, présente plusieurs caractéristiques qui distinguent les adultes des enfants et dans les années 1980, il popularise le terme d'andragogie qui existait déjà en langue allemande depuis au moins 1833. Bien que plusieurs années après, il revienne sur certaines distinctions caricaturales, par exemple le fait que les enfants n'aient pas de "besoins", il reste cependant évident que la démarche de transmission des savoirs nécessaire à la formation des adultes ne peut se résumer à un "copié-collé" de l'éducation des enfants.
C'est donc pour cela que nous inscrivons notre démarche de recherche dans le champ de l'andragogie bien que le terme soit en lui-même très critiqué encore aujourd'hui. Nous pensons que c'est une distinction essentielle dans la transmission des savoirs que nous voulons proposer aux étudiants en formation professionnelle.
Depuis 2014, à la suite des décrets réglementant l'ostéopathie et la formation, nous entrons dans un processus d'évaluation et de changements des pratiques professionnelles. Le cadre réglementaire est à la fois ambitieux et propice pour former des professionnels ostéopathes de très grande qualité. Il faut savoir que dans leur course à l'excellence, les écoles d’ostéopathie délivrent pour beaucoup d'entre elles un diplôme inscrit au répertoire national des certifications professionnelles de niveau 1. Il est fort probable et souhaitable que cela devienne le niveau minimal dans des prochains décrets. À ce titre, les écoles doivent justifier d'une activité de recherche scientifique pour subsister et ne pas perdre leur inscription au répertoire national. Sans cela, elles risquent de perdre dans un temps plus ou moins long leur agrément et donc la possibilité de délivrer le titre d'ostéopathe.
Devant ce niveau de sortie équivalent à un master 2, un grand nombre d'enseignants a fait le choix de recommencer des études universitaires pour assurer une qualité d'enseignement toujours supérieure. Souvent, ils se sont formés en sciences de l'éducation pour obtenir une licence, un master ou un doctorat. De ce fait, en tant que professionnels de l'enseignement, les formateurs ont la volonté d'être réflexifs dans leurs pratiques et donc de progresser en les évaluant.
Dans une spirale vertueuse, l'amélioration de la formation aura logiquement un impact fort sur la qualité de transmission des compétences nécessaires à la pratique ostéopathique de haut niveau. Cette amélioration passe donc par un processus exigeant d'évaluation des actions formatives formelles, non formelles et informelles par la recherche scientifique.