La recherche clinique
Lorsqu’un patient consulte un soignant (médecin, ostéopathe, paramédical, etc.), il est souhaitable qu’il puisse en percevoir un bénéfice sur sa santé et que le soin dispensé soit effectué avec un risque le plus maitrisé possible. Il est aussi intéressant que la personne puisse comprendre ce qui l’amène à entrer dans un processus qui la rendrait malade.
Cette démarche d’étudier de façon scientifique ces différents aspects impliquant la personne humaine relève de ce que l’on appelle la recherche clinique. Elle permet l’amélioration des connaissances des traitements et d’identifier les facteurs de risques qui font basculer l’état de bonne santé à celui de maladie.
Lorsque l’on pense au traitement médical d’une maladie préalablement diagnostiquée par un médecin, on pense aussi aux traitements médicamenteux qui y seront associés. La recherche biomédicale dispose de méthodologies de recherche scientifique très performantes pour effectuer l’évaluation de ce type de traitements. Elle réalise des expérimentations par exemple sous forme d’essais contrôlés randomisés en double aveugle pour diminuer l’influence de la croyance du médecin ou du patient sur l’efficacité de médicament.
Ce type de méthodologie est optimale puisque le médicament étant un traitement réalisé de façon industrielle il est toujours le même par définition. Dans le cadre des interventions non médicamenteuses, le traitement se confond avec la personne qui l’exécute. C’est le cas de la chirurgie, de la masso-kinésithérapie et donc l’ostéopathie. Ces thérapeutiques ont un résultat qui est lié à la fois à la méthode utilisée, mais aussi à la personne dans toutes ses dimensions (professionnalisme, empathie, état du jour, contraintes écologiques, etc.). De plus dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé, seul le « simple aveugle » reste possible puisqu’on ne peut évidemment pas demander aux professionnels d’ignorer s’ils donnent ou non le bon traitement lorsqu’ils réalisent un soin.
Ainsi, les interventions non médicamenteuses doivent adopter des outils différents pour mettre en avant l’efficacité de leurs pratiques. Elles doivent inscrire leurs recherches dans des méthodologies à la fois quantitatives et qualitatives (méthodologies mixtes) permettant de justifier de l’intérêt auprès du public et de la communauté des professionnels de santé de leurs indications et limites.
En novembre 2016 et mai 2017 avec les décrets d'application de la loi Jardé, une "petite" révolution réglementaire au sujet de la recherche clinique a eu lieu.
Avant cette loi et ses décrets d'application, une terminologie précise était utilisée concernant la recherche clinique sur 3 niveaux : la recherche biomédicale, les soins (ou pratiques) courant(e)s et la recherche non-interventionnelle appelée aussi observationnelle.
Cette taxonomie avait pour objectif de déterminer les contraintes administratives liées à la recherche en fonction du "risque" que l'étude faisait courir au patient. Une recherche sur un nouveau médicament cardiaque par exemple ne fait pas courir à un patient X le même risque qu'une étude par questionnaire sur la qualité de vie après une consultation d'ostéopathie par exemple. Avant cela, l'ostéopathie était concernée par les niveaux 2 et 3, mais le dernier niveau n'avait finalement aucune contrainte réelle.
Depuis mai 2017, tout cela est modifié. Maintenant, on évoque la recherche impliquant la personne humaine ou RIPH de niveau 1, 2 ou 3. La recherche biomédicale devient la recherche interventionnelle RIPH 1 (Intervention non justifiée par la prise en charge médicale), les soins (ou pratiques) courant(e)s deviennent la recherche avec des contraintes minimes (liste arrêté du 3 mai 2017) RIPH 2 (Risques et contraintes minimes ajoutés par une ou plusieurs interventions, liste interventions fixée par arrêté) et la recherche non-interventionnelle (appelée aussi observationnelle) devient la recherche non-interventionnelle RIPH3 (Actes pratiqués et produits utilisés de manière habituelle, aucun risque ni contrainte). L'ostéopathie entre dans le cadre de la RIPH de type 2 et 3.