Editorial

Aujourd’hui, plus d’un Français sur deux consultent un ostéopathe et pourtant, malgré ce succès, l'ostéopathie n’est pas intégrée dans le système de santé. Il nous semble que la principale raison de ce paradoxe est certainement la carence de preuves scientifiques témoignant de l’efficacité de cette pratique. C’est en tout cas ce qui ressortait du rapport du Pr Bruno Falissard de l’unité INSERM 669 lors de l’évaluation de l’ostéopathie en 2012.
La démonstration scientifique de l’efficacité de l’ostéopathie permettrait de clarifier ses indications et de mieux définir ses limites. Pour arriver à cet objectif, l’ostéopathie est confrontée à deux difficultés. La première est que sur le plan expérimental, il parait hasardeux de réaliser des essais contrôlés randomisés en double aveugle en ostéopathie. Il faut noter que même si c’est aussi le cas pour certaines des autres interventions non médicamenteuses (chirurgie, masso-kinésithérapie, etc.) l’ostéopathie souffre de modèles explicatifs parfois nébuleux, voire mystiques, qui ont souvent stigmatisé les débats. La deuxième difficulté est que la formation se déroule dans des organismes privés qui avaient pour objectif de former des praticiens et non des théoriciens. Peu d’écoles en France formaient, il y a encore environ une dizaine d’années, à la méthodologie de recherche et cela sans même parfois exiger un mémoire de fin d’études.
Cependant, avec la concurrence féroce des écoles entre elles et aussi, depuis 2014, avec les nouveaux référentiels de formation de haut niveau, nous assistons à un virage qualitatif majeur. Pour que les écoles puissent se démarquer les unes des autres, une course à l’excellence est en cours pour d’une part attirer les étudiants et d’autre part, garder l’agrément du ministère de la santé nécessaire à la délivrance des diplômes. Les écoles tentent par exemple de faire certifier leurs diplômes au répertoire national des certifications professionnelles de niveau 7 (ancien RNCP1) qui est le niveau Master 2. Peut être d'ailleurs que dans l'avenir, certaines viseront encore plus haut avec un niveau 8 qui est celui du Doctorat pour former leurs futurs cadres. En tout cas, cette certification officielle émanant du ministère du travail témoigne actuellement du plus haut niveau de sortie d’une formation privée en ostéopathie et inclut dans son cahier des charges une obligation de former ses étudiants à la méthodologie de recherche scientifique. Pour former les étudiants, des ostéopathes se forment déjà depuis quelques années à ces méthodologies scientifiques faisant naitre de nouvelles professionnalités. C'est dans ce contexte que nous avons voulu voir aboutir ce projet de création d'IRSOA. Notre volonté était de réunir des forces de propositions et d'actions diverses pour permettre à la profession de s'autoévaluer pour élever son niveau scientifique. Notre objectif est d'intégrer l'ostéopathie dans le paysage des professions de santé en utilisant un langage commun. Ainsi, plus l'ostéopathie sera capable de cerner ses forces et ses limites et meilleures seront les indications pour les patients et la communication avec les autres professionnels.